vendredi 25 mars 2011

Aujourd’hui, c’est déjà le passé

Certains jours, je réalise vraiment ce que devenir adulte veut dire. On vous appelle madame, les jeunes vous regardent et vous considèrent comme vous-même considériez les adultes à votre époque…
Quand je vois mes filles grandir, je prends aussi conscience que ma jeunesse, les années 80, aura pour leur génération la même saveur désuète que les années 50 ou 60 l’ont pour nous.
Et cette époque leur semblera aussi étrangère que celle où ce sont nos propres parents qui grandissaient. Il leur sera aussi difficile d’imaginer un univers sans internet, sans téléphone portable, que pour nous d’accepter le fait qu’il n’y a pas si longtemps que les femmes ont le droit de vote, que les frigos sont entrés dans nos maisons… ou que les lois ségrégationnistes étaient en application.

Je viens de lire La Couleur des sentiments de Kathryn Stockett.

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Ce livre se déroule dans les années 60, dans le Mississipi. Les Noirs viennent à peine d’obtenir le droit de s’assoir dans le bus avec les Blancs, mais ils ne peuvent pas encore partager leurs écoles, leurs commerces… Ils ne sont plus esclaves, mais domestiques, et à peine mieux considérés. Nul, parmi eux, ne pressent que le monde est sur le point de changer.

Le livre suit le point de vue de trois personnages : une Blanche, qui veut comprendre le monde des bonnes, et deux d’entre elles, à différents degrés de révolte. C’est un univers de femmes, essentiellement ; les hommes de ce roman ne servent qu’à payer les factures. On s’attache à elles, on a envie que leur combat ne les blesse pas trop.
Un mystère, fil rouge du roman, apporte une petite touche de tension dramatique supplémentaire. J’en suis d’ailleurs presque à regretter le moment où il est éventé, parce que la vie de ces femmes est tellement poignante que ce mystère en devient presque anecdotique.

Ce livre m’a fait du bien. Non seulement parce qu’il rappelle une fois de plus comment les normes d’une société peuvent conditionner ses membres, mais surtout parce qu’il est bien écrit. Je crois que je deviens de plus en plus difficile avec le temps, et j’avais entamé, avant celui-là, trois romans que je n’ai pas achevé. Je n’osais pas me permettre cette liberté avant mais les centaines de romans que j’ai lu ont sans doute fini par aiguiser, sinon mon sens critique, au moins mes préférences. Oui, des centaines… Si l’on compte une moyenne de deux livres par semaine (parfois c’est moins, parfois c’est plus), que je lis des ouvrages sérieux depuis, disons, mes 15 ans (quoique que j’ai dévoré Le Seigneur des Anneaux à 12 ans), et qu’il y a 52 semaines par an… Bon, il faut aussi déduire les relectures de mon total, mais je pense qu’il n’est pas si mauvais.