vendredi 20 juillet 2012

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

J'ai toujours dit que l'on pouvait tout apprendre dans les livres. Le roman Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre de Ruta Sepetys  confirme encore cette idée.


4ème de couverture : Une nuit de juin 1941, Lina, quinze ans, sa mère, Elena et son petit frère, Jonas, dix ans sont brutalement arrêtés par la police secrète soviétique.
Au bout d’un voyage épouvantable de six semaines, presque sans eau et sans nourriture, entassés dans des wagons à bestiaux, ils débarquent au fin fond de la Sibérie, dans un camp de travail soviétique. Logés dans des huttes, sous alimentés, brutalisés, les déportés tentent de survivre et de garder espoir. Dans le kolkhoze, le travail de la terre est éreintant. Mais malgré la mort, la maladie, le froid, la faim et la terreur, Lina tient bon, soutenue par une mère exemplaire, son amour pour un jeune déporté de dix-sept ans, Andrius, et portée par sa volonté de témoigner au nom de tous et de transmettre un signe de vie à son père (condamné à mort dans un autre camp) grâce à son art du dessin et à l’écriture.


L'histoire se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle commence dans un pays dont on a rarement entendu parler des protagonistes lors de cet événement : la Lituanie. Les premières pages s'ouvrent sur le moment où la police militaire vient pour embarquer une jeune fille, son frère et sa mère... Et oui, encore un pays où il y eut des rafles. Pourtant, les méchants de l'histoire ne sont pas ceux dont a plus l'habitude de parler dans notre pays : ce sont cette fois des Russes, qui embarquent des familles entières dans des trains vers des destinations inconnues. On ne peut s'empêcher de trembler pour eux quand les wagons surchargés s'arrêtent dans des villages isolées et qu'il leur est proposé de prendre des douches... Mais les méthodes russes ne sont pas les méthodes allemandes. Si les camps et l'exil sont toujours utilisés, on attend réellement des prisonniers qu'ils travaillent (dans des conditions où la simple survie est déjà difficile, cependant).
J'ai déjà lu des histoires de camps, des histoires d'enfants obligés de vivre dans des conditions inhumaines (rien que les camps d'internement pour les familles japonaises vivant aux États-Unis m'ont surpris quand je les ai découverts) et je suis pourtant toujours surprise quand je découvre une nouvelle manière de nier l'humanité des gens. Ce livre est donc émouvant sans chercher à nous faire pleurer. La narratrice conte son quotidien, les gens qui tombent autour d'elle, la nourriture qui manque, le froid qui les glace (ils sont envoyés en Sibérie), ses colères comme ses espoirs, et, même si on se dit parfois qu'il n'est pas possible que tant de choses arrivent à une seule personne, on est bien obligé d'accepter la triste réalité : oui, des gens ont vécu ces horreurs...
Un élément distingue l'adolescente de tous les personnages qui ont déjà rempli des pages sur ce genre d'histoire : elle dessine. Fascinée par Munsh, elle met en images les monstres qui la torturent comme ses souvenirs. Et même si aucun dessin n'est présent dans le livre, ils sont tellement bien décrits qu'il est facile de se les représenter.
Je crois que si ce livre m'a autant touché, c'est surtout parce que je ne connaissais pas cette part de l'histoire : des lituaniens ont été enfermés dans des camps par des Russes, pendant plus de 10 ans pour nombre d'entre eux. Je me dis que je suis loin d'avoir tout appris à l'école. Qu'il y a des choses qui doivent se savoir et qui sont tues... Rien que pour ça, ce livre mérite d'être lu.

Je ne suis d'ailleurs pas la seule à l'avoir parcouru : Valérie en parle aussi aujourd'hui sur son blog. Allez lire son avis... puis donnez-nous le vôtre quand vous aurez lu le livre.

Citation :
- Comment peuvent-ils décider que nous sommes des animaux ? Ils ne nous connaissent même pas.
- Nous nous connaissons, répondit Mère. Ils se trompent. Ne leur permet jamais, Lina, de te convaincre du contraire. Comprends-tu ?
J’acquiesçai d’un signe de tête. Mais je savais qu’un certain nombre de nos compagnons s’étaient déjà laissé persuader de leur condition inférieure. Ils avaient une expression abattue, dénuée de tout espoir et se faisaient tout petits devant le NKVD. J’aurais voulu les dessiner tous.

2 commentaires:

  1. Je ne sais pas pourquoi ce roman, pourtant très réussi, m'a laissée de marbre. Mais tu as raison, c'est un roman qui instruit. Il est très intéressant, par exemple, de voir qu'ils attendent les allemands comme des sauveurs.

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  2. bin les goulags ont ete mis a jour par soljenetsyne (bon je dois me tromper dans le nom)......oui une facon de battre toute forme politique et de liberte....

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